Riche contribution de la Maison Médicale au Congrès de la Société Française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP)

 

Laurène Sanchez, infirmière en Unité de Soins Palliatifs à la Maison Médicale Jeanne Garnier, a participé au 27e Congrès National de la SFAP qui s’est déroulé à Valenciennes du 22 au 24 septembre dernier . Dix-huit personnes de notre établissement,  soignants, médecins, administratifs et bénévoles ont fait le voyage . Trois d’entre eux sont intervenus pour présenter leurs travaux.

Laurène nous partage ici son témoignage : 

« Le sujet choisi cette année était « Tabou ». Il a ainsi été décliné sous plusieurs angles dont voici un petit florilège:

 

        • tabou dans la relation soignant-soigné : s’attacher à nos patients est-il normal/acceptable/souhaitable ?
        • tabou financier : la fin de vie a-t-elle un prix ?
        • tabou dans la spiritualité : pourquoi parlons-nous si peu de spiritualité avec les patients ?
        • tabou de la technique et de la technologie : faut-il accorder une place, et si oui, laquelle, à l’intelligence artificielle en médecine et plus spécifiquement en soins palliatifs ?

Le Congrès a été aussi l’occasion pour les acteurs des soins palliatifs de réfléchir sur leur position lors de l’épidémie Covid, en regard de leur investissement dans l’épidémie VIH/SIDA. J’ai trouvé le parallèle des évènements passionnant, dans ce qu’il révèle de l’évolution de notre société sur les questions de la maladie, de la mort, de l’exclusion/isolement social, de la perte de contact, et de la recherche légitime de protection qui vire à l’obsession. Avons-nous tiré une sagesse de ces évènements ? L’histoire récente nous montre que ce n’est pas tout à fait certain…

A côté de toutes ces grandes questions pertinentes et passionnantes, nous avons pu aussi rencontrer des experts concernant des sujets plus généraux et techniques. Je retiendrai parmi ceux-là des ateliers consacrés à la prise en charge des escarres en soins palliatifs, des retours sur l’utilisation du cannabis thérapeutique en USP, mais aussi des éclairages législatifs sur la pratique infirmière.

 

Ce Congrès était aussi particulier pour moi, puisqu’il était à la fois le premier auquel j’assistais, mais aussi auquel je participais comme intervenante. En effet, sur la proposition du Dr Donatien Mallet (docteur en médecine et en philosophie), nous avons travaillé en binôme le vaste sujet des tabous liés au corps. J’ai donc eu l’occasion de présenter les réflexions que j’ai eu lors de l’accompagnement d’une patiente défigurée par la maladie.

Ainsi, nous nous sommes posés des questions telles que :

  • Nos corps sont-ils uniquement des médiateurs ou ont-ils une intelligence qui leur est propre ?
  • Qui est premier de l’intelligence ou de la conscience ?
  • Pourquoi les atteintes au niveau du visage portent-elles une dimension particulière ?
  • Que vit un soignant dans le soin de l’humanité abîmée, détruite, dévorée ?
  • Lorsque nous n’avons plus forme humaine, qu’est-ce qui fait encore de nous des Hommes ?
  • Quelles ressources le soignant déploie-t-il dans ces situations de tension ?
  • Comment accompagner ces patients dans cette identité déchirée ?
  • Comment le soignant peut-il apprivoiser et travailler avec la peur, le dégoût et l’horreur ?

Ce moment fût l’occasion de faire bouger nos lignes de pensées et de questionner les schémas de routine que nous mettons tout naturellement en place. Il a été suivi de belles rencontres, de soignants impliqués dans leur travail et cherchant à mieux le comprendre, pour mieux le protéger et mieux soigner les malades que nous accueillons.

J’en profite pour saluer aussi le travail présenté par 2 de nos collègues de la Maison Médicale : Joanna Aflalo, psychomotricienne, qui a remporté un prix avec son poster concernant sa recherche sur la prise en charge de la dyspnée à l’aide de la réalité virtuelle ; ainsi que Claire Hibon, infirmière du pôle Recherche, qui a présenté l’enquête menée par le Pôle Recherche de la Maison Médicale, concernant l’accompagnement de la spiritualité des malades, et les difficultés que rencontrent les soignants pour aborder ce sujet.

Une autre réflexion, c’est que la Maison Médicale, si elle est pleine de belles idées et de soignants motivés, a besoin d’apprendre de ses pairs. En effet, un tel rassemblement est l’occasion de découvrir les pratiques de nos voisins et de s’inspirer d’eux ! Nous avons aussi une réalité à accepter, celle que d’autres établissements progressent aussi, notamment en termes technique et médicamenteux et  que nous avons tous à apprendre des uns et des autres. Nous ne pouvons nier que le profil des patients évolue, en lien avec les progrès de la médecine. Ils ont désormais accès à des techniques (antalgique particulièrement) innovantes et efficaces, et nous avons besoin de progresser là-dessus, afin de toujours offrir la meilleure qualité de soins possibles à nos malades. Il ne s’agit pas de changer le fondement, mais bien de s’enrichir de nouvelles pratiques audacieuses.

Je ne peux que vous encourager à vivre ce type d’expérience, qui rend à la fois fier et humble. Fier de notre mission et de notre cœur à la remplir avec sincérité et compétences, humilité face à nos apprentissages à toujours renouveler et à la souffrance de ceux que nous accompagnons. »

Rendez-vous pour le prochain congrès du 15 au 17 juin 2022, à Bordeaux, pour des soins palliatifs « hors les murs » !

Visitez le site du 28e congrès de la SFAP

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En 2021 et 2022, l’établissement a bénéficié de crédits du Ségur « Investissement du Quotidien » financés par le Plan National de Relance et de Résilience (PNRR) lui-même financé par l’Union Européenne.