3 questions à …
Marie-Pierre Perrin,
Médecin
Est-il difficile pour une personne en fin de vie d’entrer à la Maison Médicale Jeanne Garnier ? Le Docteur Marie-Pierre Perrin apporte des réponses claires et rassurantes à vos légitimes questions.
Daniel d’Hérouville,
Médecin
Lorsqu’un patient arrive à la Maison Médicale Jeanne Garnier, comment est-il pris en charge ?
L’objectif de la prise en charge est le soulagement de tout ce qui est source d’inconfort et l’accompagnement de la personne et de son entourage dans les épreuves qu’ils traversent.
Pour ce faire, notre approche est avant tout tournée vers l’écoute du patient. L’écoute est fondamentale car elle nous permet de redonner la parole à la personne malade, en vue de définir avec elle un protocole de traitement sur mesure, adapté à ses symptômes.
L’accueil des patients s’inscrit dans cette approche. Dès son arrivée dans l’établissement, le patient est reçu directement dans sa chambre, par l’un des membres de l’équipe. Celui-ci s’assure qu’il soit installé de façon confortable dans son lit et soulage, au besoin, son inconfort.
L’un des médecins s’entretient, ensuite, avec lui, l’interroge pour comprendre son état d’esprit, s’il est dans l’acceptation ou au contraire dans la révolte. S’en suit un examen clinique complet, pour préciser la symptomatologie, les manifestations d’inconfort. Avec les autres soignants, ils vont chercher également à identifier les envies de la personne malade, ses besoins, autant d’informations que l’équipe va prendre en compte pour adapter le programme de soins.
À la suite de ces entretiens et des différents diagnostics (médical, infirmier), une proposition de traitement et de soins sur mesure est alors proposée au patient, comprenant aussi une partie non médicamenteuse, pouvant associer, selon ses besoins, des séances de kinésithérapie, de psychomotricité, d’orthophonie ou encore d’art-thérapie.
Les traitements et les soins sont adaptés au coup par coup et susceptibles d’évoluer tout au long de la prise en charge du patient, selon ses retours. Les réunions de transmissions entre équipes assurent une continuité dans le traitement 24h/24 et 7j/7.
Comment soulagez-vous la douleur des patients en fin de vie ?
Toujours selon notre approche, nous allons échanger avec le patient pour savoir comment il exprime, vit, supporte sa douleur. Nous l’amenons à évaluer lui-même sa douleur, selon une échelle d’intensité (échelle d’autoévaluation). Nous sommes également attentifs aux autres symptômes décrits par le patient, sur lesquels nous allons faire le maximum pour les apaiser, en lien avec la personne elle-même.
Tout au long de sa prise en charge, nous veillons à limiter l’inconfort du patient, à travers des soins, mais aussi en adaptant son installation, son positionnement. Au besoin, nous pouvons rafraîchir son corps, doser la température de sa chambre pour qu’elle soit la plus convenable pour lui.
L’apport de médicament peut se faire par voie orale, sous-cutanée ou par intraveineuse, selon les possibilités mais aussi les souhaits du patient.
Nous pouvons également agir sur les symptômes, à travers l’intervention des paramédicaux, parmi lesquels des kinésithérapeutes, psychologues ou art-thérapeutes.
Qu’est-ce qui vous différencie dans votre approche thérapeutique ?
Je dirais ici encore, l’écoute, aussi bien du patient que de son entourage. L’écoute de l’entourage est tout aussi importante pour nous que celle prêtée au patient. Déjà par ce qu’il est aussi en souffrance et souvent démuni. Notre travail d’accompagnement à l’encontre des proches doit les aider à mieux vivre la situation, de façon à ce qu’ils puissent accomplir, au mieux, leur mission de support et de soutien au malade.
Et j’ajouterai la disponibilité des différents membres de l’équipe, qu’ils soient professionnels ou bénévoles. L’ensemble de l’équipe est centré sur la personne malade, plutôt que sur la maladie en elle-même. C’est le point fondamental de notre approche et le critère différenciant par rapport à une unité classique de soins.
Chaque membre de l’équipe, quelle que soit sa discipline, du médecin à l’aide-soignant, en passant par l’agent de propreté hospitalière ou le bénévole, est attentif au patient. Chacun intervient pour donner son avis au sein des réunions de service, pour contribuer à l’adaptation de la prise en charge, des soins et des traitements.